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Vaccins le pactole des Gds patrons de laboratoires

Vaccin : le pactole des grands patrons des laboratoires pharmaceutiques

Depuis mai 2020, les dirigeants de plusieurs compagnies pharmaceutiques ont vendu leurs actions pour plus de 145 millions de dollars. Des pratiques qui démontrent à quel point le secteur s’est financiarisé

La semaine dernière, l’annonce du groupe pharmaceutique américain Pfizer et son partenaire allemand BioNTech d’un vaccin « efficace à 90 % » contre la Covid-19 a fait bondir les Bourses mondiales. En quelques heures, la Bourse de Paris a pris 5,46 %, Francfort 5,56 %, Londres 5,05 % et Milan 5,48 %. Dans leur ensemble, les places européennes ont connu leur meilleure performance sur une séance depuis six mois.

C’est ce qu’on appelle avoir le sens du timing : le jour même où Pfizer a annoncé que son vaccin serait efficace, son directeur général Albert Bourla a vendu pour 5,6 millions de dollars d’actions. Pfizer indique que cette vente d'actions avait été préétablie dans le cadre d'un plan mis en place en août. La vice-présidente, Sally Susman, a elle aussi cédé le même jour plus de 40 000 titres pour 1,8 million de dollars. Ce jour-là l’action s’était envolée de 7%.

Mais les dirigeants de Pfizer ne sont pas les seuls à avoir le sens des affaires. Plusieurs responsables du géant pharmaceutique Moderna ont vendu pour plus d'une centaine de millions de dollars d'actions rien que ces dernières semaines. Pourtant, la société n'a lancé aucun produit en son nom depuis sa création il y a une dizaine d’années (son chiffre d'affaires provient à 80 % de collaborations et 20 % de subventions publiques), mais le gouvernement américain a promis le versement de 2,5 milliards de dollars d’argent public si le vaccin à l’étude était efficace. Le titre est depuis passé de 19 dollars en janvier à 90 dollars en novembre, et la valeur de l’ensemble des actions du laboratoire a été multipliée par quatre.

Enfin, le patron de Novavax a pour sa part vendu 4,2 millions de dollars d'actions le 18 août, quelques semaines après avoir reçu un financement public colossal de 1,6 milliard de dollars.

S’il faut bien préciser que toutes ces transactions n’ont rien d’illégal, elles ont de quoi choquer. Les ventes d’actions par les dirigeants sont une pratique courante et s’en acquitter quand le cours est élevé est une pratique rationnelle.

Toutefois, le calendrier plus qu’opportun et la concomitance de ces manipulations sur les actions et les annonces officielles sur l’avancement des vaccins laissent dubitatifs. Comment faire confiance à des laboratoires dont les dirigeants vendent leurs actions et désinvestissent le projet au moment où ils déclarent croire en un vaccin fiable ?

La rédaction de Front populaire  publié le 17 novembre 2020