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Le CAC 40 s'est goinfré pendant la Pandémie

Le CAC 40 s’est goinfré pendant la pandémie

 Toutes les entreprises du CAC40 ont bénéficié de plusieurs formes d’aides publiques dans le cadre de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Dans le même temps, beaucoup ont augmenté leurs dividendes tout en supprimant des emplois.

Dans un nouveau rapport intitulé "Aides publiques : les corona-profiteurs du CAC40" l’Observatoire des multinationales dénonce les multiples sources d’aides publiques directes et indirectes dont ont bénéficié – et continuent de bénéficier- les grands groupes français depuis le début de la crise de la Covid-19. En France, la pandémie a poussé le gouvernement à se montrer généreux avec les entreprises, pour, dit-il, protéger l’économie et sauver des emplois. Avant la crise sanitaire, les aides aux entreprises représentaient déjà 150 milliards d’euros par an. Avec la pandémie, ce soutien est devenu encore plus important. Parmi les mesures phares, celle des 300 milliards d’euros de prêts garantis par l’État, le plan d’urgence à 110 milliards, le chômage partiel pour 31 milliards et le report ou l’annulation de charge sociales et fiscales pour 76 milliards... Ces chiffres illustrent à quel point le secteur privé – et en particulier les grandes entreprises – est abreuvé de fonds publics… qu’il redistribue ensuite à ses actionnaires.

« Soyez exemplaires : si vous utilisez le chômage partiel, ne versez pas de dividendes» Cette demande très polie exprimée par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire fin mars est restée lettre morte. Faut-il s’en étonner, vu le ton qui ressemble davantage à une invitation plus qu’à une contrainte ? Au sein du CAC40, et plus généralement de toutes les grandes entreprises françaises, ces demandes ont été très peu suivies. Seul 13 firmes, soit un petit tiers du CAC 40, ont annulé le versement de dividendes. Il s’agit pour la plupart de grandes banques (BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale) qui y ont été indirectement obligées pour pouvoir recourir à d’autres types de subventions. Néanmoins, l’année étant loin d’être finie, plusieurs n’ont pas abandonné l’idée de verser un dividende plus tard dans l’année.

Fin mars, Total annonçait dans un communiqué de presse qu’il « ne sollicitera[it] pas le soutien de l’État que ce soit sous forme de soutien de trésorerie ou de recours au dispositif exceptionnel de chômage partiel » . Le groupe pétrolier a pourtant reçu des formes indirectes de soutien public : la Banque centrale européenne a ainsi acheté (via la Banque de France) des obligations de plusieurs dizaines de groupes français, dont quatre émises par Total. Dans le même temps, l’entreprise a versé 6,96 milliards à ses actionnaires. D’autres grandes entreprises qui ont maintenu leurs dividendes malgré la pandémie ont également bénéficié de ce soutien financier discret, comme Sanofi (3,94 milliards de dividendes), Schneider Electric (1,40 milliard de dividendes) ou Air Liquide (1,31 milliard de dividendes).

Concernant le chômage partiel, 24 membres du CAC40 en ont profité, et 14 d’entre eux ont versé un généreux dividende : Bouygues, Capgemini, Carrefour, Kering, LVMH, Michelin, Publicis, Schneider, Teleperformance, Thales, Unibail, Veolia, Vinci, Vivendi. Le groupe Veolia, qui a versé 284 millions d’euros de dividendes, a pu compter sur l’argent public pour plus de 20 000 de ses salariés pris en charge par le chômage partiel. Le groupe Teleperformance (leader mondial des centres d’appel) a augmenté son dividende de 26,3 % tout en mettant une partie de ses salariés au chômage partiel. Capgemini a quant à lui reçu au moins 91 millions d’euros de la part de l’État pour le chômage partiel de 3 000 de ses employés (sur 25 000).

Enfin, malgré l’aide étatique, le CAC40 ne s’est pas retenu de réaliser des plans sociaux. Bien au contraire. Quelques jours après l’annonce d’un plan d’aides publiques de plusieurs milliards à Renault, le groupe automobile annonçait la suppression de 15 000 emplois, dont 4 600 en France. Même histoire pour Air France : après l’annonce d’un prêt de 7 milliards, Air France supprime 7 500 emplois. En juin, Emmanuel Macron se rend dans une usine Sanofi pour annoncer un soutien à la relocalisation de l’industrie pharmaceutique. Quelques jours plus tard, Sanofi annonce 1 700 suppressions d’emploi dont 1 000 sur le sol français. Egalement bénéficiaire des largesses publiques, le groupe Airbus supprime 15 000 postes dans le monde, dont 5 000 en France. En tout, le CAC40 a déjà annoncé près de 60 000 suppressions d’emplois, dont le quart sur le territoire national.

Et puisqu’il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, le ministère du Travail qui se félicite d’avoir réalisé depuis le début de la pandémie 50 000 contrôles, n’a trouvé « que » 225 millions d’euros de fraude avérée, soit moins de 1 % du dispositif. Un chiffre qui semble bien en-deçà de la réalité…

La rédaction de front populaire, Publié le 22 octobre 2020