La Faillite de la Démocratie participative

La faillite de la démocratie représentative

 

La crise politique que nous connaissons actuellement en France est unique en Europe. Fruit de notre histoire récente, elle est principalement due à une faillite de la démocratie représentative, qu’il est urgent de réparer, afin de restaurer la souveraineté populaire.

La démocratie vise le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, comme cela est inscrit à l’article 2 de notre Constitution. Pourtant, la France subit depuis des décennies une autorité issue d’un chef d’État soutenu par une petite minorité. Le dernier en date, Emmanuel Macron, bénéficie d’environ 30 % seulement de bonnes opinions des Français.

La crise démocratique française peut être expliquée par un pouvoir exécutif trop fort. Le Président de la V° République décide seul, sans compromis ni contre pouvoirs réels, de mener la politique que bon lui semble : il est juridiquement irresponsable et son ministère est placé au-dessus de l’autorité judiciaire. Grâce au quinquennat, il est issu du même parti politique que le premier ministre et peut le changer à tout moment. Il ne craint pas les grands médias, qui dépendent de l’argent public et reprennent en chœur les éléments de langage élyséens. C’est ainsi que des lois et des politiques sans soutien majoritaire sont imposées aux français, de la privatisation d’EDF à l’abaissement des retraites en passant par l’immigration de masse.

Les pays ayant un parlement plus fort, comme le Royaume-Uni ou l’Italie, ont pu donner l’impression de vivre des crises démocratiques plus graves que nous, comme ce fut le cas lors des débats sur le Brexit ou encore lorsque le gouvernement populiste de Matteo Salvini s’est défait du pouvoir. Mais à y regarder de plus près, ce qui fait vivre une démocratie, c’est précisément un débat public ouvert et pluriel, au sein de l’espace public qui lui est dédié : l’Assemblée nationale du pouvoir législatif. Loin de conduire à l’anarchie, cela permet de crever les abcès, d’aborder les crises politiques en tenant compte des opinions de toute la population, pour in fine déboucher sur une solution acceptable pour la majorité de la population, et donc démocratique ! C’est ainsi que le peuple britannique a été entendu par sa classe politique, malgré les très fortes réticences des élites en place à tenir compte du « oui », qui a remporté le référendum sur le Brexit en 2016. C’est ainsi aussi qu’actuellement en 2021, l’Italie a composé un gouvernement d’union nationale avec des membres issus de toutes les formations politiques du pays pour diriger la nation selon le souhait de la majorité des Italiens.

Le général de Gaulle, qui a été le grand architecte de notre Constitution, n’était pas un ennemi du peuple, loin s’en faut. D’ailleurs il s’est toujours méfié des partis politiques qu’il savait être corruptibles par l’argent et ouverts aux petits arrangements en faveur d’une minorité agissante. Pour lui, le Président de la République devait être une sorte d’arbitre au-dessus des partis, tandis que le Premier ministre tenait le rôle de chef de gouvernement, responsable devant le Parlement. La fin du septennat voté par référendum en l’an 2000 a irrémédiablement modifié l’équilibre de nos institutions et les cohabitations comme ce fut le cas en 1986-1988, 1993-1995 et en 1997-2002, qui apportaient un équilibre politique au pays, sont devenues un lointain souvenir.

La sortie de la crise actuelle nécessite de retrouver des contre-pouvoirs à notre hyper-président et de revenir à un équilibre politique qui reflète la volonté de la majorité des Français. Cela ne passera pas par un retour au septennat, comme certains ont pu le proposer. À une époque où tout passe très vite, sept ans paraît être une éternité. La démocratie retrouvée passera plutôt par un Parlement élu à la proportionnelle intégrale, qui fera entendre la voix de tous les Français selon leur juste poids et par la mise en place d’un référendum d’initiative populaire qui permettra aux français de ne plus être dépendants des partis politiques de plus en plus discrédités. Comme c’est écrit à l’article 3 de la Constitution de la V° République, « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice ». Il s’agit bien de retrouver notre liberté et notre souveraineté nationale.

Aurélie BESSET  article Publié le 2 mars 2021 sur front populaire.fr