RENVERSER NOS MANIERES DE PENSER

Renverser nos manières de penser

de Serge Latouche

(Objecteur de croissance, Professeur émérite d'économie à l'Université d'Orsay)

aux éditions mille et Une Nuits

Son essai résume parfaitement les mécanismes pervers du système productif entièrement axé sur la consommation pour la consommation avec son absurde pillage des ressources non renouvelables, l’épuisement des matières premières, l’entassement des rebuts et autres déchets, les pollutions incontrôlables.

Serge Latouche préconise une écologie politique et critique la notion de « développement durable » qu’il qualifie d’idiote. «  ce n’est pas le développement qu’il faut rendre durable, c’est le durable qu’il faut développer !  Il est nécessaire, dit-il, de sortir de la société de croissance en concevant un projet alternatif une société de décroissance ou pour le moins d’accroissance.   

Son projet repose sur 3 points : La relocalisation (il est désormais évident que nous devons récupérer les activités productives locales et les réinstaller dans leurs territoires) La reconversion écologique (nous devons reconvertir l’agriculture pour retrouver une alimentation saine avec une production saisonnière de qualité tel que le font les AMAP - association pour le maintien de l’agriculture paysanne – ces micro-alternatives peuvent constituer des points de départ intéressants en privilégiant la permaculture . Il est d’autre part nécessaire de réduire le gaspillage et de lutter contre l’obsolescence programmée de l’ordinateur, l’imprimante, la machine à laver, etc…) la réduction des horaires de travail ( il faut travailler moins pour travailler tous).

Ce programme, qui lui parait être le résultat du bon sens, est une chose, ajoute-il, que nos politiciens ne pourront jamais réaliser car nous faisons partie de l’Union européenne sans parler de l’adhésion de nos pays à l’organisation mondiale du commerce (OMC). Nous sommes pieds et poings liés. Nous devons sortir de l’euro au moins tel qu’il fonctionne actuellement, la chose est manifeste.

La meilleure chose à faire serait d’avoir une monnaie locale gérée directement par ses usagers et d’utiliser l’épargne locale pour faire marcher les entreprises et financer les activités locales.

Aujourd’hui nous devons affronter deux choses importantes : la fin du pétrole et le réchauffement climatique. Face à cela nous devons retrouver une autonomie énergétique et une autonomie alimentaire. Autonomie au lieu de l’hétéro-dépendance c’est du futurisme réaliste.

Le message de fond de l’écologie, c’est que le développement n’est pas soutenable. «  Une croissance infinie est incompatible avec une planète finie. » L’omni-marchandisation du monde nous emmène droit dans le mur. Il est urgent de ré-encastrer l’économique dans le social, d’inventer une société de prospérité sans croissance.

Alors que la publicité crée le désir d’acheter, le crédit nous en donne les moyens et l’obsolescence programmée vient en renfort pour nous obliger à acheter même si on ne le voulait pas.

Les monnaies locales sont indispensables. Une monnaie européenne balaie la diversité des lois sociales, environnementales  et culturelles ; elle détruit les spécificités. Or nous en avons besoin car c’est ce qui permet la communication et l’enrichissement. L’uniformisation évacue toute forme de dialogue.