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La théorie de la Dictature

La théorie de la Dictature

                                   de Michel Onfray, chez Robert Laffont (mai 2019)

 

Notre temps post totalitaire (les totalitarismes national-socialiste et marxiste-léniniste) n’interdit pas un nouveau totalitarisme.

L’Europe de Maastricht en est un exemple «  l’Etat maastrichien a son drapeau, sa devise, son hymne, sa constitution, ses élus, son parlement, ses instances dirigeantes, son droit, ses lois, son idéologie libérale-nihiliste. Il vise à prospérer, se veut empire en voulant s’agrandir ». Le coup d’Etat des élus contre le peuple en est un autre (vote par la représentation nationale réunit en congrès du traite de Lisbonne identique à celui refusé en 2005 par 54,58% des électeurs).

Cette situation, cet état de fait ont conduit Michel Onfray à exposer les thèses constitutives d’une théorie de la Dictature : détruire la liberté en assurant une surveillance perpétuelle-appauvrir la langueen pratiquant une langue nouvelle, la novlangue-abolir la vérité en instrumentalisant la presse-supprimer l’histoire en effaçant le passé-nier la nature en procréant médicalement par exemple-propager la haine en fomentant des guerres-aspirer à l’empire en gouvernant avec les élites.

Au travers d’un beau décryptage de l’actualité et d’une bonne connaissance de l’histoire contemporaine il appuie son exposé sur le roman 1984 de Georges Orwell en posant l’hypothèse que l’empire maastrichien est l’une des formes prises par la société totalitaire décrite dans ce roman.

Michel Onfray fait aussi référence à un autre ouvrage de Georges Orwell la ferme des animaux qui offre à travers cette longue fable une théorie de la révolution. Pas une parcelle d’espoir dans la thèse de cette fable car il est dans la nature de toute révolution d’être trahie et dans l’ordre des choses que le peuple en fasse toujours les frais. L’histoire lui donne raison : 1789  (ils étaient et exploités sous un régime monarchique, ils sont restés pauvres et exploités sous un régime républicain. Ce n’était plus par le roi mais par les bourgeois !) 1917 (à la place de la dictature du prolétariat ce fût la dictature du parti unique).  1968 (la révolte des étudiants rejointe par celle des ouvriers a été récupérée par la droite libérale pour qui le marché fait la loi au profit des banques d’affaires).

Qui disconviendra aujourd’hui que le portrait du totalitarisme brossé par Orwell fait songer peu ou prou à une peinture de notre époque ? Ce qui nous est présenté comme un progrès est une marche vers le nihilisme, une avancée vers le néant, un mouvement vers la destruction. Pour preuves : la liberté est rétrécie comme peau de chagrin (jamais le contrôle d’un être n’aura été plus abouti avec sa complicité qu’aujourd’hui via les réseaux sociaux, la carte bancaire, l’adresse mail, le téléphone portable …)  la langue est attaquée (destruction d’une méthode de lecture, abolition du par cœur, suppression de l’analyse logique) la vérité est abolie ( la confusion est telle que l’information et l’intoxication s’en trouvent mutuellement contaminées : dire que le financement de Jean Monnet par la CIA  pour construire l’Europe qui est un fait avéré devient une intox dans la presse maastrichienne) l’histoire est instrumentalisée ( le pédagogisme a effacé l’histoire chronologique au profit d’une histoire thématique anhistorique) la nature est effacée (la nature n’est plus envisagée que dans la configuration de l’écologie urbaine selon une vision du monde urbano-centrée) la haine est encouragée ( elle va à ceux qui ne s’agenouillent pas devant les vérités révélées de la religion autoproclamée progressiste) l’empire est en marche ( le capitalisme aspire à la domination planétaire et l’Europe maastrichienne a été pensée comme une machine de guerre capitalisme dont le cœur nucléaire est le libéralisme).

                                                           Michel Hanocque (Septembre 2020)