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LETTRE D'INFORMATION N°6

Lettre d’Information N°6 de l’UPR NC – 30 janvier 2018

 

« Nous devons impérativement calédoniser la justice »
 
La démarche est franche, l’air avenant. Alexis Bouroz n’est pas le genre de procureur de la République à vous prendre de haut. Il semble connaître les limites de la justice, mais son humilité n’entache en rien sa volonté d’agir et de les faire reculer. En poste depuis un peu plus de deux ans, il jette un regard sans concession sur une société calédonienne qu’il a visiblement passé du temps à scruter, sans s’arrêter aux seules perversions, sans se limiter à la vision que pourraient lui en donner les dossiers qui arrivent sur son bureau. Il paraît avoir conscience mieux que quiconque, de l’importance du moment qui l’a vu arriver sur le Caillou. De cette période où les clichés sont presque aussi dangereux que les faits. Alexis Bouroz a réellement envie que justice se fasse. Mais il donne l’impression d’avoir au moins autant envie de ne pas la voir s’enfermer et faire fi du monde qui l’entoure.
 


Quel constat faites-vous sur la société calédonienne ?
 
Une violence impressionnante. Dans la sphère familiale, il y a 3,2 victimes pour 1 000 habitants au lieu d’1,5 en Métropole. Et alors même que de nombreuses victimes n’osent toujours pas, sans doute, déposer plainte. Ici, en Calédonie, si on regarde les statistiques sur les îles, par exemple, on en conclut qu'il y a une délinquance quasi nulle : or, évidemment, ça n'est pas le cas. L’importance de ces violences interpelle car elle détonne avec le niveau du reste de la délinquance générale qui se situe plutôt dans une moyenne nationale. Sur la délinquance classique d'appropriation, nous avons des statistiques inquiétantes mais nullement catastrophiques. Nous n'avons pas de vols avec arme, nous n'avons pas de criminalité organisée.
Le phénomène des cambriolages préoccupe énormément la population. Comment répondre à cette inquiétude ?
Il y a une baisse des cambriolages dans les résidences principales. Je ne parle pas des commerces, des établissements publics ou encore des écoles, comme on a encore pu le voir tout récemment. Je crois malheureusement que la population, comme en Métropole et dans les autres pays d’outremer, doit faire son deuil de laisser sa voiture et sa maison ouvertes. Nos concitoyens doivent pour autant être convaincus que nous mettons tout en oeuvre pour lutter contre ce phénomène.
Le bilan de la sécurité routière, année après année, reste catastrophique. Des réformes sont lancées, comment les jugez-vous ?
Je suis quand même assez optimiste sur le moyen terme. En termes de mortalité, les statistiques sont largement supérieures à la moyenne nationale. Mais les chiffres des accidents corporels et des blessés hospitalisés n'ont pas cessé de baisser depuis 2005. On était sur 715 blessés en 2005 et en 2016, on déplore 292 blessés. La tendance générale est positive. Si on analyse les accidents mortels, on retombe sur les mêmes facteurs : conduite sans permis pour 35 %, alcool ou stupéfiants 75 % et, point crucial, l’absence de ceinture de sécurité. Si on avait enfin le réflexe de boucler sa ceinture, je suis convaincu que le nombre de morts pourrait chuter. On pourrait éviter 30 % des accidents mortels.
La Calédonie est le territoire de France où les violences intrafamiliales sont les plus importantes. Comment l'expliquez- vous ?
La situation est catastrophique. Pour autant, je vis très positivement le fait qu’il y ait plus de plaintes parce que je ne le perçois pas comme une aggravation de la situation, mais comme le signe que l’on arrive enfin à faire venir les victimes à la gendarmerie et au commissariat. J'y suis très attaché, la tolérance zéro est importante en la matière.
En Calédonie, la justice a des spécificités. Faut-il aller plus loin ?
Il faut associer encore plus le monde coutumier. Même si la présence d’assesseurs citoyens calédoniens au tribunal correctionnel a constitué une heureuse avancée. On peut dire, ici, que la justice est effectivement rendue au nom du peuple calédonien. À Koné comme sur les îles, les assesseurs sont souvent d’ailleurs des coutumiers. S’agissant des mineurs, je suis assez réservé à l’idée de les juger au sein des grandes chefferies. Un lieu de justice reste un lieu de justice Il faut se poser la question de quelle coutume, quelle sanction ? Quelle serait la loi applicable ? Quelle place pour l'astiquage ? Je ne suis pas sûr que ce dernier point soit compatible avec les standards internationaux. Je suis en revanche favorable pour renforcer les liens avec le monde coutumier. Nous menons une expérimentation devant le tribunal pour enfants de Koné : les chefs sont systématiquement convoqués à l’audience et cela permet d'impliquer le clan en amont.
Il y a une surreprésentation des Kanak en prison. Comment la justice peut-elle s'adapter au monde mélanésien ou l'inverse ?
On nous oppose traditionnellement côte Est contre côte Ouest, Mélanésiens contre les autres. La réalité c'est qu'il y a une évolution. La jeunesse calédonienne est protéiforme, elle est de plus en plus métissée. Les familles monoparentales se développent. Le logement n’est pas toujours assuré, pas que plus la scolarisation ou l’accès aux soins. L’inégalité des chances n’est pas qu’ethnique, elle est également territoriale et sociale. 5 000 enfants vivent sous le seuil de pauvreté dans le Grand Nouméa, probablement en rupture avec le monde coutumier qui plus est. C'est préoccupant. Les surveillants de prison me disent qu’au Camp-Est, ce n'est pas, contrairement à ce que l’on peut penser, des querelles entre ethnies, mais Kaméré contre Tindu, Païta contre Dumbéa. Au sein de la détention, il y a une différence entre la délinquance des villes et la délinquance des champs.
La sphère familiale a l'air de moins en moins efficace pour réussir à tenir les jeunes. C'est une évolution que vous constatez ?
Je suis convaincu qu'il y a un lien entre les mineurs délinquants et les violences familiales. Un jeune qui voit sa maman se faire battre est marqué. L'enfant est le produit de sa famille et de la société. Il est surtout le produit des adultes. Je suis également convaincu que pour grand nombre de jeunes qui commettent des délits, la rue est un espace de liberté. Car quand ils rentrent à la maison, ils se demandent dans quel état leur père ou leur mère va rentrer. Donc finalement, ces jeunes vont dehors, traînent avec les copains, commencent à fumer du cannabis, à commettre des petits larcins et finissent par faire du rodéo avec des voitures volées. Reprenons la main sur les violences conjugales et familiales et nous améliorerons la situation de la délinquance des mineurs.

 


Les agressions contre les forces de l'ordre sont en augmentation, est-ce inquiétant à vos yeux ?
 
C'est inquiétant, oui, car la courbe ne diminue pas. L’année dernière, comme pour les années précédentes, les agressions étaient en augmentation. On remarque des disparités. Dans le Grand Nouméa, ce sont des violences urbaines. A Saint-Louis ou sur une partie de la côte Est, il y a une dimension différente : chez certains jeunes que l'on interpelle, c'est la haine du gendarme qui semble prédominer. Les délinquants s'abritent toutefois très vite derrière la consommation d'alcool et de cannabis pour expliquer le passage à l'acte.
S'ils rejettent la gendarmerie en tant qu'institution, comment faire accepter la justice qui émane de l'Etat français ?
Les violences sont l'expression d'un certain nombre de jeunes déracinés et désocialisés. On peut souligner la très grande coopération des élus municipaux et des coutumiers. Dans la plupart des affaires de violence ou de tirs sur les gendarmes, hors Saint-Louis, qu'on peut avoir sur Houaïlou, Canala, Thio, Ponérihouen ou Kaala-Gomen, les identifications et les interpellations se font grâce aux coutumiers. La réalité, c'est que ces jeunes sont coupés de leurs tribus, parfois même bannis.
On a l'impression qu'à Saint-Louis, il y a une inefficacité du travail des coutumiers ?
C'est parfois compliqué… Il y a une bonne volonté parmi une large partie d'entre eux et nous le voyons dans les actions de prévention mises en place depuis un an par le haussariat et la mairie du Mont-Dore. On a bien senti qu'ils ont pris la mesure de la problématique et qu'ils n'étaient pas dans la connivence avec les fauteurs de trouble. Ils sont intervenus sur les jeunes qui caillassaient ou montaient des barrages sur la route.
« Régler la situation à Saint-Louis ? Si j'avais la réponse, ce serait fini depuis longtemps. Cette situation n'a cependant plus rien à voir par rapport à l’année dernière. Elle s'est considérablement améliorée. Une partie de la population demandait de désarmer les fauteurs de troubles et de faire patrouiller des militaires dans la tribu. Ce n'est pas l'option qui a été prise et heureusement car elle n'aurait pu être source que d'incidents et donc de blessés ou de morts potentiels. Sur le plan répressif, il reste à terminer le travail notamment en arrêtant Samuel Moekia. Il faut dénoncer le silence assourdissant de la population de Saint-Louis. Samuel Moekia se promène à Saint-Louis et il ne nous est pas signalé. Peut-être parce qu'il n'a plus commis d’actes aussi graves que ceux qu'on lui reproche. Il n'y a plus de tirs sur les gendarmes notamment. Mais on est déterminé à aller le chercher. »
 
Une intervention a eu lieu hier soir dans la tribu de Saint-Louis.
De nombreux tirs ont été entendus par les automobilistes étant à proximité. Le procureur de la République sollicité par la rédaction, a accepté de communiquer :
« Mercredi 24 janvier 2018 vers 19 heures, dans le cadre de la procédure judiciaire visant à interpeller Samuel Moekia, les gendarmes sont intervenus au sein de la tribu de St Louis en deux lieux susceptibles d'abriter le mis en cause. A l'approche de l'un de ces points, Samuel MOEKIA a pris la fuite pendant que les militaires de l'AGIGN essuyaient plusieurs tirs d'armes de gros calibre. Agissant en état de légitime défense, les gendarmes ont été contraints de faire usage à leur tour de leurs propres armes. Aucun blessé n'est à déplorer »
Samuel Moekia est évadé depuis le 24 novembre 2015. « C'est un individu dangereux et susceptible d'être armé réfugié en tribu de Saint-Louis où ils reçoit manifestement le soutien de certains proches, entravant ainsi l'action de la Justice et des forces de l'ordre », avait déjà précisé  Alexis Bouroz.

 
La Calédonie est-elle mûre pour avoir sa propre justice?

Je vais être courageux et vous répondre. En l'état, la Calédonie n'est pas encore prête. Nous devons impérativement calédoniser la justice. C’est le sens de la convention signée par le garde des Sceaux avec l’UNC. Mais nous souffrons pour le moment d’un déficit de candidats aux concours de la magistrature, à celui de greffier ou même à celui du barreau. Cela pose une deuxième question cruciale : l'indépendance judiciaire est la clé du fonctionnement sain d'un pays. La justice, sur un petit territoire, pose des difficultés d’impartialité, au moins apparentes. Un juge qui réside depuis de très nombreuses années a développé nécessairement un tissu amical, professionnel, ou encore associatif qui l'expose potentiellement à la critique de son jugement alors même qu'il l'a rendu en toute indépendance et que sa décision est légitime. Un minimum de mobilité géographique est salutaire. (source LNC)
 
Notre commentaire : le titre est accrocheur mais le procureur reconnait que ce n’est pas possible, rejoignant l’analyse de notre délégation comme quoi la Calédonie n’a pas les moyens de sa pleine souveraineté
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Les algues mettent le récif en danger

 

Retirées en grande quantité des plages de Deva et Poé mardi, les algues vertes continuent de proliférer sous l’eau, étouffant le corail et les herbiers, d’après une observation du comité de gestion de la zone côtière ouest.

La « marée verte » qui s’est abattue sur les plages du lagon de Poé la semaine dernière n’est-elle que la partie émergée de l’iceberg ? C’est ce que craint le comité de gestion de la ZCO (zone côtière ouest, classée à l’Unesco). Mardi, une équipe de plongeurs bénévoles est allée observer les récifs de Deva, depuis le creek salé jusqu’à la faille aux requins. En face des plages où les plus gros tas d’algues ont été ramassés en début de semaine, le corail est désormais habillé d’un épais manteau vert. « Ça s’étend sur toute la zone, sans disparité, rapporte Florian Boisseau, coordinateur de la ZCO. Les algues obstruent toute visibilité, recouvrent tout. La photosynthèse ne peut pas avoir lieu, le récif étouffe. »
Les Cladophora poursuivraient ainsi leur œuvre sous l’eau, « colonisant » à grande vitesse le récif frangeant - à l’intérieur du lagon, le récif barrière n’étant pas touché - et s’installant dans les herbiers. « Ça a des conséquences directes. On a vu très peu de poissons, alors que la zone est en réserve depuis dix ans », reprend le plongeur qui regrette que les agents de la province « n’aient pas mis la tête sous l’eau et laissent ce travail aux bénévoles ». À la ZCO ou chez EPLP, qui a fait réaliser des prélèvements d’eau dans le lagon - en cours d’analyse - l’inquiétude engendre des questions : combien de temps le récif va-t-il résister, quels seront les impacts à long terme sur l’écosystème de Poé ?
 Forte chaleur, luminosité intense, pluies qui favorisent les rejets de nitrate et de phosphate, véritables « engrais » à algues, suivies de coups de vent qui les arrachent… La province Sud, qui a été alertée par les associations, sait que tous les ingrédients pour une prolifération et de nouveaux dépôts sur les plages sont réunis. Aussi, le diagnostic sous-marin, qui doit être évoqué ce matin, et l’intervention pour libérer le récif, techniquement difficile, ne sont pas la priorité. « Avec l’arrivée d’une dépression ce week-end, on peut s’attendre à une nouvelle marée, pointe Emmanuel Coutures, chargé de mission auprès de la direction de l’environnement de la province Sud. Nous devons d’abord régler ce problème et mettre en place une procédure » pour éviter l’accumulation d’algues sur les plages. La province assure toutefois qu’une enquête est en cours, avec la participation de l’IRD, pour une reconnaissance plus fine de l’espèce, et une seconde de l’Ifremer, pour le suivi de la qualité des eaux. Dès lundi, la direction de l’environnement avait précisé que la pollution qui engendre cette prolifération avait probablement des origines « diffuses ».
 « Le but, c’est de cibler la source la plus importante de pollution et de mettre en place des mesures correctives », reprend Emmanuel Coutures. Dans cette zone agricole et touristique, les rejets des exploitations s’ajoutent aux eaux usées des activités hôtelières, notamment celles du Sheraton, pointé du doigt par EPLP ou Bwära Tortues Marines en début de semaine. « Le lagon est un réceptacle », notent les scientifiques. « Ce que l’on voit aujourd’hui c’est une expression de la nature qui aurait pu arriver avant, précise Claude Payri, directrice de recherche à l’IRD. Il y a un vrai problème lié à des pratiques qui doivent être encadrées ». Les résultats de l’enquête de la province ne sont pas sur la table, mais l’utilisation d’engrais agricoles semble d’ores et déjà être dans le viseur des autorités. (source lnc du 26/01/2018)
Notre commentaire : nous soutenons l’action du collectif des associations dont fait partie Manu Hernu notre adhérent de la Roche Percée avec Bwära Tortues Marines. Bon courage à lui.

 
J'étais médecin de brousse

Quand l'Histoire s'est réveillée en Nouvelle-Calédonie: Novembre 1984-novembre 2018, un Territoire en quête d'avenir de Pascal Dubellé (Auteur), ouvrage disponible en librairie ou sur Internet.
En novembre prochain, la Nouvelle-Calédonie se prononcera sur son destin par voie de référendum, un vote qui intervient trente ans après les accords de Matignon, signés en 1988, et vingt ans après ceux de 1998, dits accords de Nouméa. Médecin de brousse à Ponérihouen, village situé sur la côte est de la Grande Terre, l’auteur a vécu au cœur de ce que furent les « événements » de novembre 1984 quand les Canaques firent entendre bruyamment leur revendication pour l’indépendance. Le récit précis et parfois édifiant de ces « événements » laisse place à une analyse de la situation politique sous le double regard du métropolitain et du « zoreille » comme on désigne, là-bas, ceux qui séjournent sur le Territoire. De retour sur place trente ans plus tard, en 2013, l’auteur laisse aller sa réflexion sur ce qu’est devenue la Nouvelle-Calédonie et s'interroge sur ce que pourrait être l’avenir de sa population après le référendum.
Pascal Dubellé est un sympathisant UPR, abonné à notre lettre d’information qu’il apprécie chaque quinzaine
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Le CESE se penche sur les questions de droit, de coutume et de foncier

Le Conseil économique social et environnemental (Cese) a adopté ce matin à l’unanimité un rapport et un vœu intitulés « Pour l’émergence d’une organisation normative et judiciaire coutumière ».
Présidée par Jérôme Paoumua, la commission des affaires coutumières, rédactrice du rapport, s’est penchée sur les liens en droit commun et coutume, sur la question du cadastre en terres coutumières ou encore sur la gestion des conflits fonciers. Elle préconise la création d'un nouvel organe consultatif, qui soutiendrait les magistrats en apportant sa connaissance du monde coutumier.
« Les terres coutumières sont inaliénables, incessibles, incommutables et insaisissables », dit la loi. Elles sont mêmes « aux antipodes de la propriété privée », ajoute le rapport du Conseil économique, environnemental et social (CESE) rédigé sous la houlette de Jérôme Paoumua . Selon l’expression consacrée, « ce sont les hommes qui appartiennent à la terre », et pas le contraire.
Tout ceci ne signifie absolument pas que les terres coutumières ne peuvent pas changer. Au CESE, Hnadriane Hnadriane se fait le porte-parole véhément des habitants qui aspirent au développement économique. Mais l’alchimie est complexe. Le milieu des affaires s’accommode mal de la coutume.
 « Peu sûre, difficile à prouver, mouvante, les qualificatifs négatifs sont légion » même si l’instrument est « souple », observe le CESE, qui circonscrit ainsi l’enjeu : conserver l’« identité » des terres tout en les intégrant dans la « modernité ». Sans cadastre, il est souvent difficile de connaître les délimitations d’un terrain, son propriétaire et les ayants droit des futurs bénéfices. Mais cet outil est très éloigné de la tradition kanak. « On se fie à un cours d’eau, à un caillou, pas à une ligne droite sur du papier », dit Octave Togna. Qu’importe, l’absence de cadastre peut être surmontée, dit le Conseil.
Le CESE veut s’appuyer sur les groupements de droit particulier local (GDPL), des structures coutumières qui peuvent s’apparenter à des entreprises, sortes de ponts entre les deux mondes. Les terres des GDPL, moins culturellement « chargées » que d’autres, font déjà l’objet d’actes coutumiers enregistrés à la Direction de la gestion et de la réglementation des affaires coutumières (DGRAC). Les parcelles y sont délimitées quoique sommairement. En les rassemblant, il est possible de révéler une sorte de cadastre, le « tissu », sur lequel la justice pourrait s’appuyer pour résoudre les conflits fonciers.
Sans y être formellement obligés, nombre de magistrats « ont intégré la vision coutumière dans leurs jugements ». Le CESE y voit une jurisprudence à l’anglo-saxonne et imagine un « nouvel organe », possiblement adossé à l’Agence de Développement Rural et d’Aménagement Foncier (ADRAF) ou au Sénat coutumier, qui centraliserait les textes et rendrait des avis consultatifs (mais indispensables à la procédure) pour éclairer le juge, toujours souverain, sur les affaires coutumières.
« Pour l’émergence d’une organisation normative et judiciaire coutumière », c’est le nom du rapport publié hier. Dans sa conclusion, le CESE « dresse un bilan en demi-teinte sur la position de la coutume en tant que norme de droit en Nouvelle-Calédonie. Sa place, à mi-chemin entre reconnaissance partielle et mise à l’écart de fait, laisse planer un doute sur son intégration ».
« Si la construction d’un droit calédonien, commun à tous, est un bel idéal, il ne pourra se faire sans qu’une fortification de la coutume en tant que norme n’intervienne préalablement. À défaut, il est à craindre que la force du droit écrit et sa place majoritaire ne finissent par engloutir la coutume et ses spécificités. » (source LNC).

 
 
Pour Emmanuel Macron, rester ou sortir de l’Union est une question « compliquée »

Rendons à César ce qui appartient Jupiter : Emmanuel Macron fait (parfois) preuve de lucidité et de discernement. Ce fut le cas dimanche 21, lorsque le maître de l’Elysée, interrogé sur l’issue d’un référendum qui se tiendrait en France sur le modèle du Brexit, avoua que la réponse serait « probablement » la même qu’outre-manche. Par prudence cependant, la confession fut lâchée sur les ondes de la BBC, qui n’est pas la radio la plus écoutée dans l’Hexagone.
Reste que l’aveu est de taille : il prend pour le moins à contre-pied le discours officiel convenu sur le sujet, selon lequel une écrasante majorité de Français serait favorable à l’Union européenne, pour peu qu’on fasse quelques concessions au mythe d’une « Autre Europe »
Les Français auraient-ils voté pour quitter l’UE ? « Oui, probablement, dans un contexte identique. Mais notre contexte était très différent, donc je ne veux pas parier » a répondu exactement le chef de l’Etat, dans cet entretien enregistré avant sa rencontre avec Theresa May. Il a ajouté : « c’est une erreur de faire répondre par oui ou par non quand vous ne demandez pas aux gens comment améliorer la situation, et que vous n’expliquez pas comment l’améliorer ».
Une sage précaution qui renvoie aux déclarations de Marie Ségolène Royal de juillet 2016, alors qu’elle était ministre du gouvernement Valls. Celle qui est désormais promue ambassadeur pour les pôles arctique et antarctique avait déclaré : « nous ne ferons pas l’erreur de David Cameron, rassurez-vous. Nous n’allons pas faire de référendum sur la sortie de la France de l’Union européenne, ça, je puis vous l’assurer ».
Peu avant, Sylvie Goulard, fugace ministre de la Défense d’Edouard Philippe, explicitait cette anxiété face aux verdicts populaires : « je ne crois pas que le peuple, dans sa grande sagesse, est capable de tout comprendre ».
Version Emmanuel Macron, janvier 2018, cela donne donc : « vous prenez toujours un risque quand vous demandez de répondre par oui ou par non sur un sujet très compliqué ».
Que le nouveau héros de l’Europe, auteur de l’épique discours de l’Acropole vantant le souffle historique de l’Europe, juge « compliquée » la question de savoir s’il faut ou non rester dans l’UE, voilà un scoop qui mériterait pour le moins de ne pas passer inaperçu (source : ruptures-presse)

 
A Davos, Macron en équilibriste du libéralisme

Il a défendu, en anglais, ses réformes libérales pour adapter la France à la mondialisation, puis a dénoncé, en français, les excès du dumping fiscal et social de cette même mondialisation.
Devant une salle comble, dans un long discours très attendu par les patrons et les dirigeants politiques rassemblés à Davos, le président français a commencé par défendre, en anglais et pendant vingt minutes, ses réformes pour « rendre la France plus compétitive » et « plus flexible ».
Parmi elles, sa réforme du code du travail qui donne plus de place aux accords d’entreprises, la réforme de l’accès à l’université ou encore le plan formation qu’il compte déployer.
« En France, nous corrigions les inégalités avec des taxes et des normes, mais sans les empêcher. Cela avait affaibli notre compétitivité », a-t-il plaidé, rappelant aussi son plan sur cinq ans de baisse d’impôts sur les sociétés, sur la fortune, sur les revenus financiers ainsi que sur les ménages.
« France is back », « la France est de retour », s’est-il félicité, et « au cœur de l’Europe ».
Son discours de promotion de la France auprès des décideurs s’inscrit dans le droit fil du sommet « Choose France » qu’il a organisé lundi à Versailles, en conviant 140 chefs d’entreprise, dont de multinationale, pour les convaincre d’investir dans l’Hexagone.Revenant ensuite au français, Emmanuel Macron a longuement dénoncé une mondialisation « qui traverse une crise majeure » à cause d’Etats qui jouent, sans limite, chacun « leur propre approche ». Et de réclamer dans tous les domaines des « stratégies coordonnées ».
« La France était très décalée par rapport au reste de l’Europe car elle était très au-dessus de la moyenne européenne » en termes de fiscalité. Et si on accroît les impôts « les talents s’en vont », a-t-il fait valoir.
Mais actuellement dans le monde, « la dynamique est d’expliquer aux gens que la bonne réponse c’est d’en faire toujours moins, de baisser nos impôts ». « Il n’y a pas de limites. Race to the bottom (la course vers le bas). Sur le social, c’est pareil », s’est-il exclamé dans le même élan.
« Quand on regarde le droit social, le fiscal, ces sujets qui fondaient le cœur d’un Etat, nous avons un affaiblissement continu, a-t-il poursuivi. Si on recherche un avantage comparatif on est toujours tiré vers le bas. »
S’adressant aux entreprises, il leur a aussi demandé de « renoncer à l’optimisation fiscale à tous crins » et appelé les Etats à s’organiser ensemble pour que les géants du numérique « paient des impôts ».
Sans coopération internationale sur la fiscalité, « jamais nous ne convaincrons les classes moyennes que la mondialisation est bonne pour elles », a-t-il dénoncé.
Il a aussi regretté l’absence d’harmonisation fiscale en Europe où certains Etats, comme l’Irlande, ont fixé un impôt sur les sociétés extrêmement faible pour attirer les entreprises étrangères.
« Dans mon pays, si je ne redonne pas un sens à cette mondialisation, dans cinq, dix ou quinze ans, ce seront les nationalistes, les extrêmes qui gagneront, et ce sera vrai dans chaque pays, a-t-il martelé. Il faut aussi arrêter la tendance à détricoter le droit social pour s’ajuster à la mondialisation » en demandant à des pays de réduire les filets de sécurité sous le minimum indispensable, a ajouté le chef de l’Etat. La France, qui avait l’impôt sur les sociétés le plus élevé d’Europe, devrait revenir à un taux de 25 % en 2022, mais la plupart de ses voisins l’ont déjà beaucoup plus réduit. Angela Merkel et son homologue français ont de nouveau appelé vendredi dernier à une harmonisation de cet impôt dans l’Union européenne.

 
Marc Luyckx Ghisi, ancien conseiller de jacques Delors au sein de la « cellule prospective » de l’U.E.

Vidéo à voir sur thinkerview : https://www.youtube.com/watch?v=JDRzEdRQF5s
Extraits :
« La trilatérale pour protéger leurs intérêts  et diriger le monde vers une aliénation du plus grand nombre »
« L’U.E. fut fondée sous influence américaine pour fournir un débouché au marché américain »
« Du temps de Jacques Delors l’U.E. était de centre gauche, aujourd’hui elle est ultra libérale «
« L’article 123 du T.F.U.E. est le pire des articles car il interdit aux banques centrales de faire de l’argent et les oblige à demander à demander aux banques privées de faire de l’argent pour elles et puis de leur prêter avec des intérêts. Toute la crise de la dette est produite sciemment par l’article 123. C’est une manière d’asservir les peuples par la dette. Le rapport du club de Rome au parlement européen avait pourtant dit Non à la toute-puissance des banques. »
«  Il faut construire une Europe politique pour la gestion de l’euro »
« Je ne suis pas contre qu’une ligne des traités parle de 27 Etats membres ou de 384 régions, d’ailleurs jacques Delors avait créé un comité des régions » (Les euro-régions avant l’heure !)

 
Le financement des euro-régions françaises va diminuer

Depuis la loi NOTRE, les euro-régions françaises négocient directement avec l’UE sans passer par la France. Le départ du Royaume-Uni de l’UE va fortement compromettre ce financement puisque le Royaume-Uni était un gros contributeur net. De plus, les régions françaises vont se retrouver dans le haut du classement en termes de PIB par habitant et seront donc moins bénéficiaires de ces fonds. À noter que la France est elle-même une forte contributrice au financement de ces fonds européens et qu’une sortie de l’UE permettrait de redistribuer les fonds de la façon que nous voulons (source : Toute l’Europe du 7 décembre)
Notre commentaire : il en sera de même pour les aides de l’U.E. à la Calédonie.  Ah, ces salauds d’anglais ! on a qu’à faire comme eux, retrouver notre indépendance et notre souveraineté en gérant nos finances comme bon nous semble
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Le Délégué territorial : Michel Hanocque         Le secrétaire : Bertrand Plé