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LETTRE d'INFORMATION N° 12
Lettre d’Information N°12 de l’UPR NC du 30 avril 2018
- Le vote alternatif également qualifié « classificatoire ou préférentiel »
Donald L. Horowitz, Professeur de droit et de Sciences politiques à l’université de Caroline du Nord préconise un vote alternatif également qualifié de vote classificatoire ou préférentiel. Ce système consiste pour les électeurs à ne pas voter pour une personne mais de classer l’ensemble des candidats par ordre de préférence. Le candidat (ou la liste en cas d’un scrutin de liste) élu sera celui ayant obtenu une majorité absolue de 1ère place. Si aucun candidat n’atteint cet objectif lors du premier décompte, le candidat arrivé dernier est éliminé et ses bulletins sont répartis entre les autres candidats suivant les secondes préférences desdits bulletins. On continue le processus jusqu'à ce qu'un candidat recueille la majorité absolue des suffrages. Ce mécanisme est réitéré jusqu’à ce qu’un candidat obtienne la majorité des premières places, ce qui peut parfois nécessiter un nombre de décompte important.
Ce mode de scrutin permet de favoriser l’élection de candidats ou de partis politiques défendant des politiques publiques transcendant les groupes et les clivages habituels. Il rend caduque le slogan de « vote utile » et donne toute sa place au vote de conviction.
Ce mode de scrutin sert à l'élection des députés australiens depuis 1919. Il permet à des partis alliés de se présenter séparément devant les électeurs, mais sans affaiblir leurs chances de coalition, comme c'est le cas en Australie avec les deux partis de droite (Parti libéral et Parti national). En outre les électeurs des petits candidats ne perdent pas leurs votes, puisqu'ils concourent eux aussi à la désignation des principaux candidats grâce à leurs préférences suivantes.
La vidéo suivante intitulée « réformons l’élection présidentielle » illustre parfaitement cette proposition de mode de scrutin :
https://www.youtube.com/watch?v=ZoGH7d51bvc
- La démocratie consensuelle
Né le 17 août 1936 à Apeldoorn, aux Pays-Bas, Arend Lijphart est un politiste spécialiste des systèmes de vote, des institutions démocratiques et de l'ethnicité considérés selon une approche comparatiste.
Arend Lijphart est connu pour avoir travaillé sur le consociationalisme et donc sur la façon dont les sociétés profondément divisées parviennent à maintenir un régime démocratique en partageant le pouvoir politique entre les partis. Son premier ouvrage majeur, The Politics of Accommodation se veut une étude du système politique néerlandais selon cet angle d'attaque. Il étendra le concept via Democracy in Plural Societies. Ses derniers travaux en date mettent l'accent sur l'étude beaucoup plus ambitieuse des éléments de consensus et du fait majoritaire au sein des systèmes politiques contemporains. Dans Patterns of Democracy - Government Forms and Performance in Thirty-Six Countries, paru en 1999, Arend Lijphart construit dix variables simples rendant possible l'analyse de trente-six démocratie.
Avec Donald L. Horowitz il est l’autre artisan de la démocratie consensuelle.
La démocratie consensuelle en appelle à un bicamérisme fort, c’est-à-dire une seconde chambre influente qui permette un dialogue réel et une véritable négociation sur les textes. Un bicamérisme fort est caractérisé par des pouvoirs symétriques octroyés aux deux assemblées et par une une composition dissemblable.
- Macron aux Etats-Unis : Images et réalités par Jacques Sapir.
La visite d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis, derrière les flonflons et les déclarations tonitruantes, pourrait bien s’avérer désastreuse. Parti en position de faiblesse, face à un Président américain, Donald Trump, qui était conforté tant par les sondages en interne que par les premiers résultats de sa politique, Emmanuel Macron a été dans l’incapacité d’obtenir gain de cause sur quelques grands dossiers que ce soit. En matière d’image, cette visite a été une catastrophe, et les photos montrant le Président français soit dans une position ridicule soit dans une position de soumission face à son homologue américain, même si elles ne traduisent pas une réalité, circuleront massivement. Emmanuel Macron a commis, avec ce voyage, sa première faute majeure. Il faut alors revenir sur les dossiers en discussion.
L’Iran, la France et les Etats-Unis
Sur la question de l’accord avec l’Iran, les enjeux étaient de taille. Cet accord avait stabilisé la situation et confirmait la volonté du gouvernement iranien de revenir, à égalité, dans le concert des nations. Qu’il y ait eu des points complexes, et des points de compromis, dans cet accord est une évidence. Mais, il en va de même dans tout accoidL’important était qu’avec cet accord on avait une garantie que l’Iran ne deviendrait pas une nouvelle puissance nucléaire, un acte potentiellement déstabilisant qui pourrait pousser l’Arabie Saoudite et l’Egypte à faire de même, mais qui pouvait aussi se comprendre quand on sait qu’Israël est un proliférateur clandestin massif, avec un arsenal estimé entre 150 et 250 têtes nucléaires. En acceptant de ne pas poursuivre l’enrichissement de l’uranium jusqu’à la qualité militaire, tout en se réservant le droit de poursuivre cet enrichissement pour une qualité civile (et les deux qualités, qui définissent l’usage soit militaire soit dans ces centrales nucléaires de l’uranium sont assez largement différentes), l’Iran avait accepté le cadre global d’une surveillance internationale.
Donald Trump avait annoncé, dès sa campagne, qu’il voulait sortir de cet accord et le remettre en cause. Sur ce point précis, la France était sur une position identique à la Russie, dont le Ministre des affaires étrangères, M. Lavrov, a déclaré il y a peu que si Donald Trump sortait de l’accord, il pourrait bien être le père du nucléaire iranien. La déclaration de Trump, sur laquelle Macron a donné son accord, de « renégocier » l’accord montre bien que c’est Trump qui a gagné sur ce point. Une « renégociation » est toujours extrêmement difficile sur des sujets aussi délicats que la question du nucléaire. De plus, les derniers actes des Etats-Unis, et hélas de la France, comme les frappes en Syrie, ne peuvent que convaincre les dirigeants iraniens que seul un armement nucléaire les mettra à l’abri des foucades des pays occidentaux. De ce point de vue, on n’a hélas pas fini de mesurer ce que cette action, illégale au regard du droit international, aura comme conséquences en matière de prolifération. Dans ces conditions, on peut penser que les dirigeants iraniens seront beaucoup moins flexibles dans toute nouvelle négociation qu’ils ne l’avaient été de 2013 à 2015, lors de la négociation de l’accord. Surtout, l’idée même d’une « renégociation » implique que le traité existant est caduc.
Trump, et le multilatéralisme
Dans le domaine des mesures prises par les Etats-Unis pour sortir du multilatéralisme dans le domaine commercial et pour imposer des cadres de négociation qui soient bilatéraux, ici aussi Emmanuel Macron a largement échoué à faire changer Donald Trump d’opinion. Ce dernier considère, et on ne peut lui donner tort, que ses déclarations fracassantes ont déjà produit des résultats. Et, de fait, on constate que la Chine commence à modifier ses tarifs commerciaux sur les automobiles. On a pu plaisanter sur la « politique Twitter » de Donald Trump ; mais on découvre en réalité que cette politique donne des résultats. Et, l’image qui se dégage de Trump est bien différente de celle que nous servent à satiété, et jusqu’à l’écoeurement, les grands médias, qu’ils soient français ou américains. Que le Président des Etats-Unis soit un personnage brutal, réactionnaire, avec un goût prononcé pour la provocation est certain. Mais il n’est pas l’imbécile ou l’irresponsable que se plaisent à décrire les grands journaux, de Paris ou de la Cote Est !
On savait le multilatéralisme commercial à l’agonie depuis l’échec du « cycle de Doha » impulsé par l’OMC dans les années 2000. C’était d’ailleurs l’une des raisons qui me faisaient pronostiquer un mouvement de démondialisation dès 2010 Trump en a tiré froidement le bilan. Il ajuste la politique des Etats-Unis à la nouvelle situation. Nul ne peut dire à l’heure actuelle s’il obtiendra le grand mouvement de retour vers les Etats-Unis des industriels qui sont partis dans les années 1990 et 2000. Mais, il a clairement donné un coup d’arrêt au phénomène des délocalisations.
Si Emmanuel Macron a pensé qu’il pourrait se présenter en défenseur des « grands principes », il a manifestement erré. Car, la France est sur ce point isolée. Elle ne pourrait retrouver une certaine capacité de peser sur les décisions américaines que si elle s’associait aux puissances qui contestent aujourd’hui la politique des Etats-Unis, c’est à dire la Chine et la Russie. Et, de ce point de vue, on peut penser qu’Emmanuel Macron aurait bien mieux fait de commencer par une visite à Moscou avant d’aller voir Trump. Cette erreur dans l’échéancier des visites, car il est prévu qu’il rencontre Vladimir Poutine en juin, doit être expliqué.
“Travaillez, prenez de la peine, C’est le fond qui manque le moins” Jean de la Fontaine, Le Laboureur et ses Enfants
Un président isolé
Emmanuel Macron s’est donné comme ambition de changer les institutions européennes. Il n’est pas le premier dirigeant français à nourrir cette ambition, mais il faut lui reconnaître le fait qu’il l’a construite de manière cohérente. Le problème est qu’il s’est heurté à un mur. Privilégiant une relation avec l’Allemagne, il s’est détourné de l’Italie – un pays qui aurait pourtant intérêt à ce changement – mais aussi des pays de l’Europe centrale. Or, l’Allemagne, et il faut savoir que cela concerne tant la CDU-CSU que la SPD, n’a aucune raison, et aucune intention, de changer quoi que ce soit dans l’Union européenne. L’Allemagne profite largement des institutions existantes ; elle les défendra sans faiblir.
Isolé, sans alliés, sur la question de la réforme de l’UE, et on l’a vu lors de son discours devant le Parlement européen, Emmanuel Macron a cru trouver un allié de circonstances en la personne de Donald Trump. D’où cette calamiteuse visite et les images à laquelle elle donne lieu. Mais, s’il a cru trouver un appui dans la personne du Président des Etats-Unis, il s’est lourdement trompé. D’une part, parce que la nature des relations entre les Etats-Unis et l’Allemagne a changé profondément depuis les années 1980 et 1990 L’Allemagne actuelle, réunifiée, avec un excédent commercial qui dépasse celui de la Chine, n’est plus dans la situation de dépendance politique avec les Etats-Unis. Les réactions du gouvernement allemand aux menaces de Washington sur la question du nouveau gazoduc « Nord-Stream 2 » voire la participation des industriels allemands, en dépit des sanctions, au développement économique de la Crimée, le prouvent.