SITUATION DE LA CALÉDONIE

 

 

 

 Avis de Tsunami

 

Les métallurgistes sont au bord de l’abime et ne cachent plus leur inquiétude quant à l’avenir. C’est dans ce contexte que le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a entamé un cycle de rencontres budgétaires. Il souhaite informer les élus et les collectivités de la réalité budgétaire et financière du pays et faire le point sur les solutions possibles. Mais en clair, le temps est au cataclysme…

Cette année, les métallurgistes vont perdre 25 à 30 milliards de francs. Lorsque l’on a la surface financière de Glencore ou Vale, on peut essayer de limiter les dégâts, mais c’est plus problématique pour un groupe de taille moyenne comme Eramet. D’autant que les analystes financiers prédisent tous un marasme prolongé et n’envisagent pas de remontée significative des cours du nickel avant au moins trois ou quatre ans ! On comprend qu’aucun groupe industriel au monde ne peut se permettre des pertes aussi lourdes à répétition. Le nickel va être confronté à une crise sans précédent dans son histoire qui va faire ranger l’affaire des rouleurs et des mineurs calédoniens au rayon des accessoires.

Réduction des investissements

Dans le monde entier, les groupes producteurs de matières premières, dont le nickel, ont déclenché la sonnette d’alarme. Ils sont d’autant plus pessimistes que le dollar est à un niveau acceptable et que les prix du baril de pétrole sont bas, or ce contexte favorable n’empêche pas l’effondrement des cours et des pertes colossales. Dans ces conditions et pour éviter la ruine, les groupes n’ont d’autres solutions que de réduire leurs actifs et suspendre leurs investissements et la Nouvelle-Calédonie est concernée au premier chef. Eramet vient de décider de ne pas financer la centrale C de la SLN et l’hypothèse de l’arrêt d’un des fours Demag est envisagée, Glencore pourrait remettre en cause le financement de la réparation des fours de KNS, quant au brésilien Vale, il s’interroge sur le devenir de l’usine du Sud et ce qu’il compte en faire, des rumeurs de vente circulent. Pas besoin d’être économiste pour comprendre les implications que ces décisions vont avoir sur l’emploi et la sous-traitance. La crise économique du nickel est la préfiguration d’une crise sociale et de l’emploi et cela à une encablure du terme de l’accord de Nouméa !

Et il n’y a plus d’argent !

L’extrême fragilité des métallurgistes aura des conséquences financières, les rentrées d’argent vont être moindres, sinon nulles et cela à un moment où les caisses de la Calédonie sont vides. Le gouvernement a déjà pris des mesures comme la réduction de 18% des budgets des établissements publics et des directions, de 50% des subventions à toutes les associations et surtout des dotations aux provinces. Ces dernières vont également devoir suppléer le gouvernement dans l’aide financière aux communes. Tous ceux qui, dans les Institutions, travaillent à l’élaboration des budgets s’arrachent les cheveux devant l’ampleur des économies à réaliser, car le recours éventuel à l’instauration de taxes ou des augmentations fiscales ne suffira pas ! Puisque la Nouvelle-Calédonie ne peut plus dépenser un argent qu’elle n’a pas, elle devra réduire non seulement ses investissements, mais aussi ses dépenses de fonctionnement et avec elle, toutes les institutions à laquelle elle reverse des budgets. Et l’on ne parle pas des dépenses de santé ni des régimes sociaux soit qu’on ne peut plus financer soit qui connaissent des déficits récurrents. La Nouvelle-Calédonie ne pourra bientôt plus financer sa politique médico-sociale.

C’est la France qui paye plus !

Les Calédoniens ne semblent pas non plus avoir pris en compte le fait que l’État, dans la situation financière et sociale que l’on sait, n’est plus en mesure d’assurer tous ses financements à la Nouvelle-Calédonie. L’État a priorisé ses actions en revenant sur certains de ses engagements ou tardant à les financer, ce qui ne fait pas l’affaire des collectivités qui bénéficient de ces financements, notamment les communes. Les négociations sur les contrats de développement ou les contrats d’agglomération seront âpres et la voilure sera réduite. Certains projets, qui ne pourraient voir le jour sans l’aide de l’État, seront peut-être remis en cause, on pense ainsi à la piscine de Magenta dont le coût a été réévalué de 300 millions à 1,1 milliard de francs, ou le projet Néobus. Sans compter qu’un risque pèse sur le maintien de la défiscalisation-État, ce qui aura des conséquences notamment pour le BTP et la construction, on se demande, pour l’anecdote, si la tour Caillard de 100 mètres de haut prévue à l’entrée de Nouméa verra le jour…(source LNC 18 Octobre 2015)

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